Elle arrive pieds nus, mince comme une brindille, sexy dans une grande chemise d’homme noire, les cheveux mouillés. Elle sort de la douche et nous ouvre la porte vitrée de sa maison. A Mill Valley, village chic au nord de San Francisco, des médias, elle en a vu défiler. Depuis qu’elle a lancé son blog «Zerowastehome» en 2010, ils sont tous venus l’interviewer : le «New York Times», «USA Today», «Sunset», «NBC», «People Magazine», le «Huffington Post»… Avec Scott, son mari et leurs garçons Max et Léo, elle a aussi été starisée dans des talk-shows télé. Et a convaincu des milliers d’adeptes de suivre ses préceptes à la lettre. «Ça me fait super plaisir que les Français s’intéressent à ma démarche!»
Le modèle «zéro déchets», un ascétisme chic
Ces derniers temps, elle reçoit tellement de sollicitations qu’elle a pris un agent. Il s’occupe de la publication de son livre – « Zero Waste Home » aux Etats-unis et bientôt en France. Des livres, tiens, il n’y en a aucun dans la maison. Ni objets de déco, ni photos. Drôle de feeling. «Nous lisons beaucoup, mais nous empruntons tout à la bibliothèque municipale.» Aucun vêtement en vue non plus, ni paire de chaussures à la traîne, ni poubelle… Tout est blanc, lumineux, ordonné, dépouillé. Une vraie maison témoin, dépersonnalisée, désencombrée… Pour en arriver là, elle a réduit drastiquement la consommation de la famille, tout mis à plat, tout repensé : achat de produits alimentaires et d’hygiène en vrac, meubles récupérés, vêtements d’occasion. «Ça a boosté ma créativité!» Elle nous parle de ses motivations, reconnaît certains excès. Mais jamais ne doute du bien fondé du modèle « zéro déchets ». Elle a fait de l’ascétisme chic un moyen de séduction. Et une force de conviction.Béa Johnson a répondu aux questions de Paris Match. Extraits d'une interview à retrouver dans son intégralité dans notre dernière édition.
Paris Match. Vous avez réduit radicalement votre consommation et vos déchets. Qu’est-ce qui a motivé une telle démarche ?
Béa Johnson. Tout a commencé en 2006 lorsque nous avons quitté San Francisco pour nous installer en banlieue dans une petite ville de style européen. On rêvait de ne plus prendre la voiture. Le temps de trouver notre nouvelle maison, nous avons loué un appartement et mis presque toutes nos affaires en garde-meubles. Nous avons adoré avoir le minimum et retrouver du temps en famille. On a vécu comme cela un an. Aujourd’hui, notre maison de Mill Valley est deux fois plus petite, et les enfants vont à l’école à vélo, on peut aller à pied au restaurant, à l’église.
Vous considérez-vous comme une écologiste ?
Non. Il y a trop de choses qui sont impliquées dans l’écologie. Je me sentais, par exemple, coupable à une époque de prendre l’avion. Ma famille vit en France, il est hors de question que je ne voie plus mes parents. Je ne peux pas faire cette promesse, mais je peux faire la promesse du “zéro déchet”.
Donnez-nous votre règle d’or.
A celle des écolos “réduire, réutiliser, recycler”, j’ai ajouté en première action : refuser. En agissant dans l’ordre, on arrive à n’avoir quasiment aucun déchet “non recyclable ni compostable”. Tout commence quand on fait son shopping. Acheter, c’est voter. En préférant les vêtements d’occasion, les aliments en vrac, on réduit les emballages. A l’inverse, en prenant une chose inutile, un stylo dans une conférence quand on en a déjà, on crée la demande d’en produire un autre. Ce concept du refus a provoqué un gros déclic dans le public. Pour moi, le recyclage est le dernier recours. A part le verre, rien n’est recyclable à l’infini.
«Le recyclage est le dernier recours»
Quels sont les bénéfices de ce mode de vie pour votre famille ?On a gagné du temps à passer ensemble. Nous nous sommes reconnectés à la nature. Nous sommes beaucoup moins malades, grâce à une alimentation saine, sans contact avec les plastiques. Le bénéfice est financier, 40 % d’économie, donc nous passons de belles vacances, dernièrement à Hawaï et au Mexique. Et quand nous partons, nous louons notre maison. Sur place, s’il n’y a pas de compostage organisé, nous faisons comme en camping : creuser un trou profond pour enterrer ce qui peut aller dans la terre.
Vos habitudes sont-elles applicables en France ?
C’est même plus facile ! J’ai mené l’expérience un été. Il y a des marchés partout, où l’on vient avec son panier. Et les bocaux Le Parfait, que j’utilise pour les aliments frais, sont français. Les supermarchés Biocoop et Auchan ont une offre extraordinaire de produits en vrac. Même des pâtes, ce qui n’existe pas ici. Vous avez le savon de Marseille pour l’hygiène. Seule difficulté : les produits d’entretien et le shampoing, que je n’ai pas trouvés en vrac. Mais cela peut changer.
L'interview est à retrouver dans son intégralité dans la dernière édition de Paris Match.
Comment appliquer les bons conseils de béaSur son blog et dans son livre, elle délivre ses recettes pour fabriquer des produits d’entretien et de beauté, et ses astuces pour faire ses courses sans emballages.
« Zero Waste Home », éd. Scribner, 17 $, en vente le 9 avril sur Amazon. La version française sortira en septembre aux éd. des Arènes.www.zerowastehome.blogspot.fr." parismatch.com